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mardi 7 mars 2017

Marc'O L'inespéré, à la Cinémathèque française

Cinémathèque française - cycle cinéma d'avant-garde.
Les vendredis 10 mars, 14 avril et 19 mai 2017.
Un programme conçu par Marc’O, qui sera présent à toutes les séances avec ses invités. Projections de films surprises. Signatures de livres et de films à la librairie de la Cinémathèque française.
« La base de ma vie, c’est l’oracle d’Héraclite d’Ephèse : ‘Si tu n’espères pas, tu ne trouveras pas l’inespéré qui est inexprimable et dans l’impossible’. J’ai mis 40 ans à comprendre que le mot essentiel était ‘l’inespéré’. On ne peut pas cibler le devenir, il faut être la flèche et suivre l’attracteur étrange. » (Marc’O, 13 février 2015)
Pour célébrer dignement les 90 ans de jeunesse de Marc’O, il faudrait bien plus qu’un cycle de films, tant le parcours s’avère inépuisablement riche d’expérimentations. Tout jeune résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale, à l’orée des années 1950, Marc-Gilbert Guillaumin commence par produire trois des initiatives majeures du Lettrisme : la revue Le Soulèvement de la jeunesse (1950), le film Traité de bave et d’éternité (Isidore Isou, 1951) et le mythique numéro de Ion (1952) entièrement consacré au cinéma, qui réunit des contributions signées Isou, François Dufrêne, Gabriel Pomerand, Yolande de Luart, Guy Debord ou Gil Wolman. Son premier film, Closed Vision (1954), associe la discrépance lettriste au monologue intérieur joycien, enluminé par une plastique oniroïde et polymorphe ; en 1958, il tourne Voyage au bout d’un rêve, court-métrage pour l’instant introuvable. 
À l’American Center qu’il dirige, au Théâtre des Arts, au Théâtre Récamier, Marc’O monte L’ivrogne corrigé, L’Entreprise, puis dès 1963 ses propres textes, Le Printemps, avec déjà Pierre Clémenti et Bulle Ogier, Les Play-Girls et L’anticame (1964), Les Bargasses (1965), qui conduiront l’année suivante au spectacle le plus expérimental et influent de l’année 1966, Les Idoles, dont l’auteur rappelle qu’il pouvait durer toute la nuit. Parallèlement, il devient parolier, écrit des chansons pour Jean-Pierre Kalfon (« My friend, mon ami », 1965), Valérie Lagrange (« Mizzie la pie », 1966), les sept morceaux des Bargasses, les 19 chansons des Idoles. Après le triomphe de cette pièce puis de sa transposition filmique en 1967, Marc’O part en Italie avec Jean-Luc Godard, Daniel Cohn-Bendit, Dominique Issermann, pour tourner ce qui deviendra Vent d’Est. Il quitte le projet pour Reggio Emilia où il monte Guerra e Consumi avec les habitants et déclenche l’occupation du théâtre municipal en octobre 1967, six mois avant l’occupation de l’Odéon. Avec un groupe de militants, il réalise De l’impossibilité de jouer Électre aujourd’hui (1968). Au Maroc, il poursuit ses recherches intensives sur le mouvement et cosigne avec Dominique Issermann le magistral documentaire Tam Aut, trésor d’arts gestuels et de chorégraphies traditionnelles désormais disparus.
De retour à Paris, il reprend la mise en scène, écrit Flash rouge, un opéra rock interprété par Catherine Ringer qui rencontre à cette occasion un jeune guitariste, Fred Chichin. Dans le cadre du Groupe Recherche Image (INA), Marc’O explore les « Nouvelles Images » issues du synthétiseur vidéo, avec pour première manifestation une version filmique de Flash rouge(1978). Interprétés par les Périphériques vous parlent et leur troupe Génération Chaos, à partir de 1992 de nombreux spectacles associent arts de la scène et vidéo, tels Citoyens en France (1996-2013). Neuf décennies d’intense réflexion sur le geste, le mouvement, le soulèvement, le jeu, la liberté, la pulsion de vie.
Nicole Brenez


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